La construction de mon projet pour le domaine familial est la volonté de développer une entreprise identitaire pour la préserver dans la famille. Notre petite propriété de 8 hectares inclut les chais et la maison familiale. C’est notre seule source de revenus pour faire vivre l’entreprise et la famille.
Avec cohérence, j’ai structuré cette politique agricole, économique et commerciale. La finalité est la rentabilité du domaine avec un style de vie qui permet de m’épanouir.
J’ai donc défini un circuit commercial qui coïncide à mes valeurs et ma personnalité autour d’une gamme de vin qui caractérise le domaine sur le long terme. Il m’a fallu plusieurs années pour la préciser.
Au centre du projet, le vignoble et les vins doivent correspondre à ma philosophie et l’exigence d’un secteur en constante évolution.
Avec la chance de naître sur cette terre que je cultive aujourd’hui, il m’était irréaliste de produire sans inclure l’approche environnementale dans mon vignoble.
Ce qui guide mon approche, la parcelle puis le sol, est le « respect du vivant ». Ces mots définissent mon esprit et la fondation de toutes ces évolutions apportés sur le domaine. D’ailleurs, les vins raffinés ont toujours été ceux qui me procurent le plus d’émotions et seule une maturité parfaite des raisins, grâce à des vignes en bonne santé, permet de créer des vins à l’équilibre pur.
J’ai donc commencé en 2010 à me focaliser sur la biologie de la vigne pour m’adapter à ses besoins. L’objectif est de conserver l’acidité tout en atteignant une maturité phénolique optimale et des concentrations en sucre acceptable.
Rapidement, les contraintes climatiques de notre région provençale se sont avérées être un élément prépondérant aux difficultés que la vigne rencontre pour préserver sa vitalité et garantir une bonne maturité. Les périodes de sécheresse qui durent plusieurs mois, le mistral qui assèche l’air et des chaleurs intenses font que les plantes ne peuvent pas bénéficier des conditions idéales afin de pourvoir à tous les besoins des différents stades phénoliques.
Mais toutes les observations m’ont amené à intensifier mes recherches sur le sol, écosystème principal dans lequel la plante puise ses besoins. Un sous-sol calcaire, un pH basique et la faible quantité de matière organique génèrent de nombreuses carences. La réalité est que l’origine de ce mal est notre incapacité à comprendre le sol et l’ensemble des interactions qui s’y produisent.
Le sol est le noyau des problématiques agricoles connues. Seule notre détermination à développer ce microcosme permettra l’implantation d’un vignoble durable.
Tout ce temps passer à observer m’a conduit à adapter l’ensemble de mon approche pour chaque parcelle et donc l’évolution du vignoble. Profiter d’une vitalité accrue de la parcelle permet de développer un vignoble autonome. Seules des préparations à base de compost et plantes permettent d’apporter un supplément d’aide pour les vignes.
Ajoutons l’eau qui est l’élément par lequel se diffusent les besoins des plantes. Je m’aide donc du calendrier lunaire pour apporter un surplus d’énergie lors de l’application des préparations sur la vigne et le sol.
Toutefois, ces évolutions ont permis de valider certaines recherches, mais aussi des erreurs significatives qui ont amputé les rendements. Ces erreurs ont toutefois favorisé un apprentissage accéléré.
Ces choix guidaient par l’envie de produire de grands vins inclus un paramètre essentiel, créer une entreprise rentable et durable.
Les réflexions menaient sur la production, inclus une forte diminution de l’endettement par une baisse des investissements. Régénérer les sols en arrêtant les labours permet de soustraire le tracteur et autres charrues qui sont des charges lourdes pour une exploitation agricole. Je rappellerai que la majorité des aides agricoles sont destinées à l’achat de matériel neuf, augmentant l’endettement.
Pour conclure, la situation actuelle valide cette volonté de développer une entreprise indépendante avec une éthique au centre du projet d’agroécosystème accompagné par des partenaires commerciaux aux valeurs communes.
Le chemin reste encore long, mais les fondations sont posées pour me permettre d’améliorer l’outil de production, les volumes et améliorer la qualité des vins.