La Taille de la Vigne en Hiver : Une Étape Cruciale pour la Pérennité du Vignoble
Quand on évoque la taille de la vigne, nombreux sont ceux qui imaginent une pratique simple, alors qu’elle est en réalité ponctuée de plusieurs étapes clés essentielles pour le développement durable du vignoble et la production de qualité pour l’année à venir. La période post-vendange joue un rôle prépondérant dans l’optimisation d’un bon hiver et le démarrage efficace de la phase végétative.
On observe le volume important de bois mort dû à des nécroses irréversibles de la taille qui cause un flux de sève tortueux et réduisant ainsi la vigueur de la vigne avec le temps.
Mise en Réserve des Ressources Énergétiques
L’aoûtement marque une phase où les pampres verdoyants se transforment en sarments, signifiant le début de la mise en réserve dans les vieux bois, d’une partie cruciale des ressources énergétiques produites par la vigne. Cette période coïncide également avec la véraison, transition de la grappe verte vers sa maturation. La mise en réserve continue jusqu’à la chute des feuilles, constituant une réserve énergétique indispensable pour la première phase de croissance végétative au printemps.
Le Repos Végétatif
L’automne est la saison idéale pour apporter des amendements organiques, entretenir les haies et installer le système de tuteurage pour les nouvelles plantations. C’est également le moment de planter arbres et vignes.
Le repos végétatif, induit par un froid intense, est crucial pour marquer une pause dans le cycle de vie de la vigne, bien que le manque de grands froids puisse parfois compliquer cette phase depuis de nombreuses années. Ce moment est un marqueur entre deux cycles végétatifs de la vigne car elle doit rentrer en dormance durant quelques mois avant de trouver les conditions nécessaires pour son redémarrage au printemps.
Montée de Sève et Taille Optimale
Le redémarrage de l’activité végétative, ou montée de sève, survient après une période de 200 heures de cumul de températures supérieures à 8°C. Survenant de plus en plus tôt dans l’année, augmentant le risque de gelées printanières tardives. Une taille tardive ou en deux phases peut aider à limiter ce risque. Mars est considéré comme le moment optimal pour terminer la taille, permettant d’éviter la descente de sève vers les réserves et minimisant le risque d’infection par des maladies du bois.
La Philosophie de la Taille : Au-delà de la Productivité
Une bonne taille respecte les flux de sève et par extension, la vie même de la vigne. Adapter la taille à la physiologie de chaque cépage favorise la durabilité du vignoble, sa résistance et sa capacité à produire de grands raisins pour de nombreuses décennies.
« Taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars » est un adage plein de sagesse, soulignant l’importance de choisir le bon moment pour tailler, afin de limiter les risques de maladies et de gelées précoce. La taille n’est pas qu’une question de production, mais une pratique respectueuse du vivant, essentielle à la pérennité et à la qualité du vignoble.
Ce que l’on pourrait qualifier de taille douce devrait peut-être plutôt être perçu comme un rappel, une fois encore, de la façon dont la vigne se développe en pleine nature. Elle est en croissance verticale continue, sans jamais subir de coupe artificielle entre ses bourgeons dans les arbres et la base de la souche. La vigne cherchera toujours à s’étendre verticalement grâce aux arbres, puis horizontalement au sol pour coloniser de nouveaux tuteurs naturels.
Ainsi, nous constatons que notre culture de la vigne comme un buisson est totalement à l’opposé de sa physiologie originelle. Partant de ce constat, j’ai décidé, même si cela signifiait sortir des règles des appellations et de la bienséance agricole, d’adapter mon travail aux besoins de la plante.
On en revient à l’observation de la vigne dans son environnement. Et en ouvrant mes yeux, j’ai vu de nombreux exemples qui confirment notre éloignement de la réalité du vivant.
Le mourvèdre : iconique de Bandol.
« La tête au soleil, les pieds dans l’eau ! »
Parfaitement adapté à notre terroir qui offre une certaine homogénéité de température – une caractéristique qui s’atténue à mesure que l’on s’éloigne de la mer où les variations climatiques sont plus marquées – le Mourvèdre peut pleinement bénéficier de ce climat méditerranéen. Ce cépage nécessite une maturité tardive, ce qui lui impose de préserver un maximum de fraîcheur pour atteindre sa maturité optimale pour les grands rouges fin septembre.
Cependant, nous avons depuis de nombreuses générations associé le Mourvèdre au porte-greffe 110R, qui commence à montrer des signes de faiblesse avec des carences récurrentes. De plus, le greffage, une opération délicate qui peut nuire à la longévité des vignes, est aggravé par une taille en gobelet courte qui, année après année, accumule un grand nombre de nécroses.
J’ai donc commencé depuis quelque temps un rajeunissement du vignoble en recréant un pied à partir de la base des souches plutôt que d’arracher des vignes quadragénaires. Cette démarche est certes plus longue, mais on observe clairement une augmentation de la vigueur grâce à un flux de sève rectiligne, ne devant pas contourner de multiples plaies de taille. Sur ce nouveau tronc, j’applique mes observations en évitant toute nécrose entre les coursons et la greffe.